Voyages au bout de la banlieue
Représentations romanesques de la banlieue parisienne (1820–1950)

Mimesis. Romanische Literaturen der Welt Bd. 127
De Gruyter, Berlin 2025, 343 pages
ISBN 978-3-111-56256-8 (Print); 9-783-111-56258-2 (eBook)

Comme souvent, Céline est quelque peu excessif quand il se lamente en 1944 : « Pauvre banlieue parisienne, paillasson devant la ville où chacun s’essuie les pieds, crache un bon coup, passe, qui songe à elle ? Personne. » Ce n’est pas tout à fait vrai : outre les urbanistes, les architectes, les historiens, plusieurs écrivains se sont eux aussi intéressé à la banlieue et en ont fait le décor de leurs intrigues romanesques.

Bouleversant l’organisation territoriale, mais aussi la conception de la ville et de l’urbanité, la banlieue parisienne n’a pas laissé la littérature indifférente. Dès l’avènement de Paris comme objet littéraire, au début du XIXe siècle, la banlieue l’accompagne comme son envers – envers lumineux de la banlieue verdoyante des parties de campagne dominicales, envers repoussoir où se concentrent les cheminées d’usines et les relégués de la modernité, envers angoissant de la monotonie des lotissements sans charme. À partir d’un corpus de romans des XIXe et XXe siècles, cet ouvrage explore la banlieue comme un espace contrasté où se révèlent à plein les travers de l’époque et où affleure de manière particulièrement vive la difficulté à habiter le monde moderne. Elle n’en constitue pas moins un formidable défi lancé à l’écriture romanesque.